April 26, 2024

L’importance des matériaux d’une fusée

 



Depuis la guerre froide, l’Homme tente de pousser sa force toujours plus loin et jusque dans l’espace. Ainsi c’est en septembre 2020 que l’Armée de l’Air française est devenue l’Armée de l’Air et de l’Espace. Ce changement de nom de notre armée traduit une évidente nécessité de puissance spatiale, donc entre autres à pouvoir produire et utiliser des fusées puissantes et efficaces. Mais la réussite d’une bonne mission spatiale ne se limite pas au lancement de l’objet. Pour qu’un lancement soit réussi, il faut que le lanceur ait une composition matérielle idéale pour l’utilisation qu’on en fera. Nous allons donc nous intéresser à l’intérêt d’utiliser certains matériaux lorsqu’il s’agit d’envoyer un objet dans l’espace.


De bons matériaux assurent une résistance mécanique de la coque nécessaire pendant les phases de lancement, d'atterrissage et de durée dans l’espace. Sans une bonne résistance mécanique, l’objet envoyé dans l’espace se détruirait car il subirait un nombre de g que sa structure ne pourrait supporter, il s’écraserait littéralement sous son propre poids. Ce qu’on appelle “nombre de g” c’est une unité d’accélération de pesanteur. Lorsque vous sautez sur Terre, votre accélération lorsque vous tombez au sol vaut 1 g soit une fois votre poids. En revanche, lorsque vous êtes dans une fusée en plein décollage, l’accélération est telle que vous subissez jusqu’à 4 fois l’unité d’accélération de pesanteur, vous pesez donc 4x votre poids. Le problème avec l’augmentation de votre poids, c’est qu’il faut une structure assez solide pour le retenir, donc si un objet est trop lourd dans une fusée, elle risque de se casser et de perdre l’objet qu’elle doit envoyer dans l’espace.


Lorsqu’un objet se déplace, une partie de son énergie se transmet à ses environs causant un réchauffement de son entourage par les frottements. Quand un objet se déplace, l’air présent au devant de l’objet se comprime entre l’objet et sa trajectoire. En conditions normales, l’air qui se comprime au bout de l’objet peut s'écarter et donc a une énergie négligeable, cependant cela n’est plus vrai quand l’objet se déplace à une vitesse près de mach 5 (donc 5 fois la vitesse du son, soit 14,6 km/s !). L’air comprimé au devant de l’objet devient d’ailleurs la source principale du réchauffement de l’objet. Ce phénomène s’explique par le premier principe de la thermodynamique : 

Concrètement, cela veut dire qu’aucune énergie n’est ni créée ni détruite, toutes les énergies appliquées au système sont seulement converties (par exemple, l’énergie mécanique devient de l’énergie thermique). Il faut donc un matériel qui puisse résister à la force pressante mais qui puisse aussi résister à la chaleur évolutive. En effet, lorsque l’air se comprime, sa température augmente du fait de l’énergie cinétique des molécules qui le composent. C’est-à-dire que quand l’air se comprime, les molécules se rapprochent entre elles et ce déplacement leur donne une énergie cinétique. Cette énergie a toujours une partie convertie en chaleur proportionnelle à la quantité d’air comprimé.


En situation courante, la chaleur causée par les frottements ne causent pas de problèmes car l’air a une compression négligeable lorsque l’objet est relativement lent, mais qu’en est-il d’une situation ou la vitesse atteint mach 30 (donc 10,3 km/s) ? Quand une fusée rentre dans l'atmosphère, cette dernière rentre avec une vitesse qui peut atteindre 12 km/s. La chaleur causée par les frottements fait atteindre le vaisseau aux alentours de 1600 degrés Celsius, soit environ 30% de la température à la surface du Soleil (et oui, elle faut environ 5 500°C) !  La fusée a donc besoin de ce qu’on appelle un “bouclier thermique”. Le bouclier thermique est une structure à l'avant de la fusée qui diverge les particules environnantes afin de protéger le cortège des frottements et donc du réchauffement. Compte tenu des informations présentées, les fusées d’aujourd’hui sont principalement faites d’alliage d'aluminium car ce matériau est peu coûteux, léger, maniable et résistant tandis que le bouclier thermique est généralement constitué de titane et de fibres de carbone. Le titane est un matériel très connu pour ses propriétés résistantes alors que le fibre de carbone est connu pour sa résistance surprenante relative à sa petite masse volumique par rapport à d'autres métaux. On note que des ingénieurs de la NASA ont remarqué que la silice est un isolant excellent et très peu coûteux. 


Ainsi nous savons à présent quels matériaux utiliser et pourquoi ils sont importants pour envoyer un objet en orbite et pour le renvoyer sur Terre. La vitesse de libération, c’est-à-dire la vitesse minimale qu'à un objet à atteindre pour quitter l’orbite de la Terre, est à 11,2 km/s, soit Mach 32 et pour revenir sur Terre cet objet va subir environ la même vitesse. Le cerveau humain n’est pas capable de se représenter ces vitesses tant elles sont élevées, elles sont extrêmes et c’est pour cette raison que les matériaux composant les fusées et missiles envoyés dans l’espace doivent supporter ces conditions extrêmes. 


Une fusée ou un quelconque objet envoyé dans l’espace doit avoir une extrême résistance mécanique et thermique, sans de bons matériaux le risque d’échec de la mission spatiale est bien trop important. C’est pourquoi les matériaux composant la coque des fusées sont généralement de l’alliage d’aluminium et ceux faisant le bouclier thermique sont la fibre de carbone et la silice. 

Auteurs du blog : BENIKHLEF Inès, RAMDANI-MEDHURST Milo-Reiss, NLANDU Vangu

Sources :


C'est quoi un bouclier thermique ? Explication en 8 minutes

Le bouclier thermique des navettes spatiales

Vitesse de libération | FranceTerme | Culture

Le Soleil | Agence spatiale canadienne


images

Chaleur et thermométrie - Premier principe de la thermodynamique

2 La NASA veut un meilleur bouclier thermique pour conquérir le système solaire — Siècle Digital







April 10, 2024

A la découverte de l'échographe



L’échographie est une méthode d’imagerie médicale qui repose sur la physique ondulatoire. C’est une technique qui s’est démocratisée et est devenue partie intégrante de nombreux domaines de la médecine comme la cardiologie ou l'obstétrique depuis sa création en 1965.


La physique ondulatoire est la physique qui utilise les ondes de manière générale (l'électromagnétisme, la mécanique, l'électronique, l'optique ou encore l'acoustique…) Dans le cas de l’imagerie médicale, et plus précisément pour l'échographe, ce sont les ondes acoustiques, ou ondes sonores, qui sont concernées et en particulier les infrasons et ultrasons qui sont inaudibles pour l’oreille humaine (respectivement, fréquences inférieures à 20 Hz ou supérieure à 20kHz). Ces ondes sont envoyées par des sondes contenues dans l’échographe. Une onde sonore est la propagation d’une perturbation dans un milieu matériel sans transport de matière mais avec un transfert d’énergie. En connaissant la manière dont les ondes sonores se propagent dans le corps humain, il est possible d’analyser le signal reçu pour obtenir des images très précises de l’intérieur de l’organisme (organes et tissus). L'avantage de l’échographie est qu’il s’agit d’un examen indolore et non invasif. 


Il y a deux parties à l’imagerie médicale : la partie clinique, le moment où les informations sont prélevées sous formes d’échos, et la partie technique, lorsque les données sont analysées pour former des images en 2D, 3D voire 4D. 


L’échographie est une méthode qui repose sur l’image par réflexion. En fonction de la densité, de la température et de la composition d’un matériau, la réflexion ne se fait pas de la même manière. L'impédance acoustique d'un milieu pour une onde acoustique caractérise la résistance du milieu au passage de cette onde. Entre autres, elle mesure la capacité d’un matériau à réfléchir le son/l’onde.  Elle est propre à chaque matériau et organe. Plus l’impédance acoustique est élevée, plus le matériau est résistant à la transmission du son. Ainsi en fonction des caractéristiques du signal reçu, on peut associer les données à une partie du corps et détecter des anomalies qui ne seraient pas cohérentes avec les valeurs théoriques. La vitesse de propagation d’un son dans un milieu donné est fonction de son impédance, c’est-à-dire sa capacité à résister ou non au passage de l’onde sonore.  D’après la formule Z = ρc où Z est l’impédance acoustique en Pa.s/m (Pascal seconde par mètre) , ρ est la densité acoustique  en kg/m3 et c est la vitesse acoustique en m/s. En règle générale, la vitesse des sons dans les tissus biologiques est d'environ 1600 m/s. Cette vitesse de propagation est variable selon les tissus ou les milieux traversés, dans l'air elle est de 300 m/s, à l'inverse dans l'os elle est de 7000 m/s. De ce fait, l'interface constituée entre l’os et les tissus mous constitue une barrière infranchissable aux ultrasons. Pour qu'une interface soit visible sur l'image, il faut, en plus, que cette interface soit perpendiculaire au faisceau ultrasonore. 

Le choix de la fréquence est aussi important et doit être adapté à la zone étudiée. L’atténuation des ondes sonores en échographie est déterminée par plusieurs facteurs, notamment la fréquence des ondes sonores et la distance parcourue par les ondes.

Dans les premiers centimètres, le son est beaucoup plus atténué. Cette absorption dépend des caractéristiques biophysique des tissus tout comme de la vitesse de propagation. Ainsi, on utilise des ondes à haute fréquence, qui ont une période très courte, dans l’échographe pour les parties du corps proximales  où il n’y a pas besoin de pénétration. Il s’agit des parties du corps situées à environ cinq centimètres sous la peau. Quand les hautes fréquences traversent les tissus elles sont plus atténuées que les basses fréquences, ces dernières sont donc utilisées quand il faut aller en profondeur et pénétrer au niveau des tissus, par exemple pour un examen de l’abdomen. 

De plus, pour obtenir une bonne qualité d’image sur chaque patient, il faut adapter/régler la fréquence de l’échographe puisque la vitesse de propagation et donc l’impédance de chaque partie du corps pour chaque personne sera différente. 


Un fois que les données sont collectées par l’échographe, il faut traiter l’image. Pour cela, il existe un filtre, le Rejet, qui élimine les échos de faible intensité afin de clarifier l’image. En revanche, le risque est de perdre des informations en cas d’utilisation d’un filtre élevé. La Gamme dynamique quant à elle permet de régler la nuance dans les niveaux de gris. Si elle est basse, le contraste est plus important et si elle est augmentée, plus de détails sont visibles car il y a davantage de nuances de gris. 

Mais le réglage qui a permis la plus  grande évolution dans l’échographie est l’imagerie Harmonique, qui est utilisée dans des examens du cœur. Elle consiste à ne sélectionner que le signal réfléchi de seconde harmonique, donc à éliminer la fréquence de base ou harmonique principale : 


La fréquence de base est généralement située autour de 1,8 ou 2 MHz et la fréquence de réception obtenue correspond au double de celle de départ (3,6 ou 4 MHz). La raison pour laquelle la seconde harmonique permet une meilleure qualité d’image est que les tissus du cœur sont un milieu de propagation non linéaire des ondes acoustiques, le signal obtenu à la réception est donc complexe. Le mode Harmonique présente des avantages non négligeables : il permet d’améliorer considérablement le rapport signal sur bruit, le bruit correspondant aux échos parasites qui diminuent la précision de l’image et d’optimiser la résolution du contraste des échos réfléchis. 


Pour conclure, l’échographie est une application directe d’un principe physique plutôt simple, la réflexion des ondes acoustiques. Les principales difficultés viennent du réglage de l’appareil et du choix de la fréquence ainsi que du traitement de l’image après la collection des données. La connaissance actuelle permet déjà une qualité d’image exceptionnelle mais l’échographie présente toujours des limites, la principale étant qu’elle dépend fortement de la personne réalisant l’examen.


Blog écrit par : Axelle Mano, Ibtyssam Seddiki, Clémence Pereira


Source image : https://i0.wp.com/clemedicine.com/wp-content/uploads/2017/05/B9782294706066000058_f05-01-9782294706066.jpg?w=960 

Sources : 

https://www.cabine-acoustique.fr/tout-savoir-sur-limpedance-acoustique/ 

https://www.arcagy.org/infocancer/en-savoir-plus/imagerie-medicale/l-echographie.html/#:~:text=Il%20s'agit%20d'une,image%20acoustique%20d'un%20organe

PowerPoint Presentation (univ-paris5.fr)

https://bluegyn.com/gynorama/wp-content/uploads/2014/08/2014_08_29_13_51_24.pdf 

https://clemedicine.com/5-imagerie-dharmonique/