November 26, 2021

Le clonage dans la science-fiction reflète-t-il une certaine réalité scientifique ?


Du roman de science-fiction Le singe, de Maurice Renard, au  célèbre film Star Wars, l'imaginaire collectif vagabonde depuis bien longtemps dans un univers où le clone humain est quelque chose de normalisé. Jusqu'à maintenant, nos générations se suivent et s'enchaînent mais ne se ressemblent pas. Cela s'avérera-t-il toujours vrai le siècle prochain ? Depuis la création de Dolly en 1997, la recherche dans ce domaine ainsi que la reproduction de gènes, cellules ou encore organismes a pris un élan certain. Comment arrivons-nous à faire naître des individus clonés ? Quelles sont les techniques utilisées ?

Nous éclaircirons ces questions, qui ne sont, depuis maintenant vingt-cinq ans, plus seulement un rêve de science-fiction.

D'un point de vue scientifique, le clonage est tout simplement une reproduction d'un individu à partir de l'une de ses cellules. Pour certains, cela peut ressembler à l'expérience de pensée du bateau de Thésée : si une personne (ou une plante) est née à partir d'un « morceau » d'un autre individu A, est-ce une personne à part entière ou est-ce un deuxième individu A ? Seront-elles identiques à cent-pour-cent ? Qu'est-ce qui les différencie ? Toutes ces questions peuvent nous laisser perplexe, mais privilégions, dans cet article, le côté scientifique et génétique de tout cela. Le clonage vise à la reproduction asexuée d'un être vivant à partir d'une cellule ou d'un organisme génétiquement identique à celui-ci. Il existe deux techniques différentes de clonage. La première, le clonage par scission d'embryon, consiste à déclencher artificiellement (in vitro) ce qui se produit à l'état naturel chez les mammifères en cas de gémellité vraie (jumeaux monozygotes, c'est-à-dire provenant de la division d'un même œuf). Cette méthode a récemment été jugée comme faisable et démontrée chez les primates [1]. On cherche en effet à créer une fratrie identique dans l'objectif d'avoir un support de recherches pour les maladies, ainsi que pour la création de cobayes. 
    La deuxième technique est celle du clonage par transfert nucléaire, consistant à introduire le noyau d'une cellule féconde dans le cytoplasme (partie de la cellule qui entoure le noyau) d'un ovule. La manipulation n'est pas compliquée : il suffit de prélever une cellule somatique (non sexuée) d'un individu adulte et de transférer son noyau dans un ovule dit énucléé (dont on a enlevé le noyau). Cet ovule, mis en insémination artificielle ou réimplanté dans l'appareil reproducteur d'une femelle, pourra alors se développer correctement et donner vie à un être cloné. Ainsi, les informations génétiques contenues dans la cellule prélevée se « copient » et se « multiplient », comme lors d'un développement embryonnaire normal : c'est la mitose.  La seule différence est que, dans le cas du clonage, l'information génétique ne vient que d'un individu, alors que pour une procréation « naturelle », deux individus (un mâle et une femelle) portent chacun la moitié de l'information génétique.
    Le 2 avril 1996, c'est en utilisant cette dernière technique que deux chercheurs écossais, Ian Wilmut et Keith Campbell, entament une série de manipulations génétiques qui finissent par déboucher sur la naissance de Dolly. Seule brebis à avoir atteint l'âge adulte parmi plus de 277 cellules-œufs artificiellement créées, il s'agit du tout premier mammifère à avoir été cloné. Cependant, issue de cellules d'une brebis déjà âgée de 6 ans, elle commence sa vie avec le patrimoine génétique d'un certain âge, entraînant chez elle un vieillissement prématuré à l'origine de complications pulmonaires. Dolly fut finalement euthanasiée en février 2003.

Ainsi, nous avons pu voir que le clonage est loin de n'être qu'un sujet de science-fiction. En effet, cette méthode est déjà présente et utilisée dans certains pays [2]. Cependant, nous ne pouvons qu'envisager avec inquiétude l'évolution que prendra cette technologie si elle est mal contrôlée. Sera-t-elle un jour appliquée à l'espèce humaine ? Pour l'instant, l'ONU s'y oppose fermement. Par ailleurs, nous pouvons nous demander si les animaux issus du clonage, actuellement considérés comme de simples objets de consommation, devraient recevoir la même considération que les animaux non clonés. Bien plus que d'autres sciences, le devenir du clonage et de son utilisation pose d'inévitables questions d'éthique.

Blog écrit par Vincent LEFLOCH, Tatiana RANGER et Violette GODBILLE

Sources.

[2] Le clonage est amplement pratiqué en Chine, aux États-Unis ou encore en Grande-Bretagne… mais d'autres y sont très réfractaires, comme la France ou l'Allemagne. (voir aussi :  http://www.clonage.universite-paris-saclay.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=91&Itemid=7)

 

Pour aller plus loin :

Vidéo de vulgarisation sur la méthode du clonage : Arte.TV, « Dossiers Junior » ; https://www.arte.tv/fr/videos/081148-000-A/dossier-le-clonage/ 


Article sur le clonage de la brebis Dolly, Europe 1, art. du 5 juillet 2016 ; https://www.europe1.fr/societe/clonage-20-ans-apres-dolly-ou-en-est-on-2791717


Rapport du « Centre de médecine vétérinaire » des États-Unis, écrit en 2008; https://www.fda.gov/files/animal%20&%20veterinary/published/Animal-Cloning--A-Risk-Assessment.pdf






No comments:

Post a Comment