December 03, 2021

Le Concorde a-t-il vraiment perdu ses ailes ?

Credit photo: Boom Supersonic
Credit photo: Boom Supersonic 
https://boomsupersonic.com/

Imaginez-vous pouvoir faire le trajet Londres-New York en 3h30 ? Vous vous dites sans doute que cela est de l'ordre de la science-fiction, étant donné qu'actuellement le trajet Londres-New York prend environ 8h. Même si cela est difficile à imaginer, un trajet aussi rapide fut possible dès 1977, grâce à la création de l'avion supersonique Aérospatiale-BAC Concorde, ou tout simplement ConcordeÀ la fin des années 50, le Royaume-Uni, la France, les États-Unis ou encore l'Union Soviétique cherchaient à développer des moyens de transport supersoniques. Finalement, grâce à une collaboration entre les États anglais et français, le Concorde voit le jour, commençant ses vols réguliers le 21 janvier 1976. Les premières routes étaient Londres-Bahreïn et Paris-Rio de Janeiro, et après la fin de la prohibition américaine établie pour l'atterrissage du Concorde, la route Paris et Londres-New York devint la plus importante, avec un vol par jour depuis les deux capitales jusqu'à New York. Ce changement d'avis du gouvernement américain, qui s'opposait au début aux vols supersoniques transatlantiques, montre bien les avantages qu'offrait ce type de transport. Pour les hommes d'affaires, les personnalités publiques ou encore les hommes politiques, le Concorde était le premier choix, et donc pour les compagnies aériennes et les aéroports il était intéressant de promouvoir ce transport et donc d'exercer une certaine forme de pression sur les gouvernements (en l'occurrence le gouvernement américain). 
    Si le Concorde a amené une telle révolution dans les longs déplacements c'est avant tout grâce à des prouesses techniques sans précédent à l'époque: une vitesse mach 2.02 (2 fois la vitesse du son), des commandes entièrement électriques et analogiques et d'un pilotage automatique, un freinage doté d'un système perfectionné antidérapant (SPAD) qui permet de réduire les distances d'arrêt de 15 % ainsi qu'un système permettant le rééquilibrage des masses pour une optimisation des performances, notamment par le déplacement du carburant afin de positionner au mieux le centre de gravité en cours de vol.

Mais, si le Concorde était aussi bien que ce qu'on le dit, alors pourquoi s'est-il arrêté de voler ?

Et bien si vous recherchez des articles à ce sujet, beaucoup vous diront que c'était pour des raisons commerciales que les compagnies ont décidé de l'arrêter car trop peu de passagers voyageaient à son bord, mais il ne s'agit pas là de la seule raison de son arrêt. En effet, Henri Frier – président de Sud-Aviation, aujourd'hui Airbus – décida pour des raisons tout d'abord économiques de réduire le nombre d'équipes au service de maintenance du Concorde et d'augmenter les frais pour les clients, sous prétexte que l'accident du 25 juillet 2000 avait nécessité de coûteuses modernisations de l'avion pour assurer la sécurité des passagers. On serait amené à penser que ces coûts de maintenance auraient mené à une perte de bénéfice trop conséquente pour les compagnies aériennes, donc à l'arrêt du Concorde. Néanmoins, notons que les bénéfices réalisés par Air France sur ses vols opérés en Concorde, même peu élevés, étaient rentables pour la compagnie, que ce soit d'un point de vue économique ou même pour l'image de marque. Le président d'Air France a même confirmé ces propos lors d'une entrevue « L'avion a été rentable, même faiblement », ce qui laisse à penser qu'une autre raison est à l'origine de cette décision. Rappelons-nous que le Concorde est un avion à double nationalité, à la fois français et anglais, résultant d'une association entre Sud-Aviation et British Aircraft. Pour des raisons politiques, les États-Unis avaient tout intérêt à faire arrêter cette collaboration, et quoi de mieux pour cela que de critiquer le symbole de leur accord ? Leur premier argument a été de dire que le Concorde, étant un avion supersonique, ne pouvait voler qu'au-dessus de l'Atlantique et était alors trop peu rentable pour leur pays. De plus, le volume sonore dérangeant les riverains des aéroports a été lourdement reproché, sans compter le prix du carburant. Toutes ces critiques ont très largement contribué à clouer l'appareil au sol.
    Si aujourd'hui, et ce depuis 18 ans, on ne voit plus que des avions classiques parcourir le ciel, l'idée du vol supersonique, elle, ne s'est pas envolée pour autant. Mais cette fois-ci, il faudra se rendre de l'autre côté de l'Atlantique, aux États-Unis, pour découvrir l'ambitieux projet mené par Boom Supersonic – une entreprise aéronautique américaine –, de réinventer le voyage supersonique d'ici 2029 avec l'Overture. Sa promesse : rendre le monde bien plus accessible avec un avion rapide et neutre en carbone.

Mais alors que le vol supersonique a disparu en 2003, pourquoi vouloir le remettre en place maintenant ?

Tout d'abord car, bien que le Concorde eut beaucoup d'inconvénients, il lui reste un très gros avantage qu'aucun avion n'a pu détrôner, celui de la vitesse. L'Overture proposerait à ses passagers de retrouver des temps de vol grandement réduits grâce à une vitesse de croisière annoncée de mach 1.7 (soit 1,7 fois la vitesse du son), bien plus élevée que celle des avions de ligne classiques (volant en moyenne à mach 0.8), ainsi qu'une altitude de croisière de 60 000 pieds (soit 18 km, presque le double des avions de ligne actuels). Londres pourra de nouveau être reliée à New York en moins de 4 heures. De même, voyager sur Concorde représentait un certain luxe. À près de 8 000 € le billet, seule une infime partie des voyageurs pouvaient se payer ce vol. L'Overture reprend ce concept en proposant une capacité maximum de 88 sièges – contre 500 opérant la ligne normalement. À chaque passager à bord sera offert une combinaison inégalée de tranquillité, de confort et de productivité du décollage à l'atterrissage, renforcés grâce à une cabine spacieuse dotée uniquement de sièges individuels de classe Affaires. 

Enfin, si l'Overture ressemble esthétiquement à son prédécesseur, il s'en démarque de par ses caractéristiques techniques. En matière de motorisation, il devrait embarquer une nouvelle génération de turboréacteurs à double flux, signés Rolls-Royce, bien moins bruyants, et alimentés à 100% par du biocarburant durable, proposant ainsi une neutralité en carbone.

Blog écrit par Yann ARNOULD, Ambre VOGT et Guillem JOSEPH

Sources.

No comments:

Post a Comment